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Saint Eustache, une église au coeur des Halles

Le commerce de gros qui alimente la capitale s’installe à partir du XIIème siècle autour du quartier connu aujourd’hui sous le nom des « Halles ». L’église accueille les corporations et confréries qui structurent les métiers des Halles.
Différents marchés spécialisés sont localisés au débouché des rues Montmartre, Montorgueil et Coquillière qui amènent le blé et la marée. Ils sont d’abord organisés au pied de maisons bordées de galeries, puis en « carreaux » ouverts. Enfin, à partir du XIXème siècle, sous forme de marché couvert : célèbres halles métalliques de l’architecte Baltard édifiées après 1850.

Les Halles sont le « royaume » d’un peuple grouillant, un lieu d’animation unique, actif toute la nuit où l’on vient partager sans façon à toute heure, et particulièrement au petit matin, la soupe à l’oignon, le pied de cochon grillé ou des escargots.

«Le Départ des fruits et légumes au cœur de Paris» Œuvre contemporaine de Raymond Mason (né en 1922)
“J’ai essayé avec la présente sculpture de reconstituer, au mieux de mes moyens, cette vision éclatante. Mon oeuvre sera de toute évidence un pauvre substitut de mon émotion devant l’étalage superbe. J’espère au moins qu’elle parlera assez clairement au spectateur qui lit son titre : le départ des fruits et légumes du coeur de Paris pour annoncer cet autre départ, non moins définitif, de ces hommes et ces femmes symbolisées dans mon cortège et dont j’ai parlé plus haut. Un moment de silence. C’est l’homme du Moyen Âge qui s’en va. La “petite légume” de notre espèce ; il sortait de terre et prenait une forme n’importe comment. Mais c’était un homme naturel et il poussait toujours. Nous ne verrons plus pareille tête. Nous ne verrons plus jamais son pareil.

Et puis il y a l’église, une des plus remarquables qui soit, seul témoin des siècles maintenant révolus. Témoin ? Acteur elle-même, et sans doute l’acteur principal. De toute sa hauteur, elle tirait sur ces mille activités et marchandises, leur conférant une étendu grandiose, la dimension essentielle et spirituelle – cela ressenti, serait-ce sourdement, par chaque membre d’une congrégation confuse et grouillante à ses pieds.

Si vous ne me croyez pas, il reste encore une marchande de fruits et légumes adossée contre le mur de la pointe Saint-Eustache. demandez-lui si elle aurait souhaité s’appuyer sur autre chose que ces grosses pierres pendant toutes ses années de nuits froides. Aux Halles nous étions beaucoup plus près de Notre-Dame de Paris que du Ventre de Paris.”

Fresque ” ubi caritas et amor deus ibi est ” Là où sont la charité et l’amour, Dieu est présent

A l’occasion du quarantième anniversaire de la Soupe Saint-Eustache, l’artiste peintre Christian Laloux, bénévole depuis plus 20 ans et responsable depuis 12 ans, a voulu rendre hommage à cette association et à cette église qui lui tiennent particulièrement à cœur.
Le thème du tableau est celui de la Charité “Ubi Caritas et amor Deus ibi est “( là où est l’amour et la charité dieu est présent ). Cette fresque colorée en l’honneur de la Soupe Saint-Eustache vient illustrer cette phrase en y ajoutant modernité et humour tout en rendant hommage aux bénévoles et aux acteurs de la soupe.

Une première lecture permet de découvrir la scène de distribution de la soupe : Monique et Jean présents depuis 1984, les instruments utilisés pour servir, les sigles de partenaires de l’association, les chiens mascottes (Roussane et Marly); c’est tout l’univers de la Soupe qui est recréé de façon colorée et joyeuse. Au centre dans l’église, un parallèle se crée avec l’Eucharistie : l’eau se transforme en sang du Christ, le pain en hostie; les mêmes gestes se font écho : mains tendues et génuflexion.

En deuxième lecture on peut y voir une entrée au paradis, le christ qui accueille, Pierre avec ses clés autour du cou; en file d’attente l’humanité avec cette interrogation : quelles que soient nos richesses qu’aurons nous fait pour les autres durant notre vie ? Enfin, au centre du tableau, un bénévole parmi les 300 de l’association qui en servant la supe incarne la volonté de Dieu. Mathieu 25 : ” Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait “.

La Soupe Saint Eustache

La Soupe est née au cours de l’hiver 1984 à l’initiative du Père Denis Perrot. Le premier soir 13 soupes ont été distribuées ! Aujourd’hui nous servons autour de 30 000 repas, soit plus de 250 repas en moyenne tous les soirs de la semaine à 19h30 devant la Pointe Saint Eustache, du 1er décembre au 31 mars.
Notre mission. Apporter un soutien « matériel » mais aussi moral au plus démunis. Nous leur proposons un repas chaud et complet (une soupe, un plat principal, une salade, des gâteaux et un café). Nous complétons ce repas en leur remettant pour le lendemain, un sac avec du pain, une boîte de conserve, un dessert (fruit, chocolat…). Mais nos « invités » ont aussi besoin de reconnaissance, d’écoute. Parler avec eux, apporter un peu de chaleur, rompre la spirale de l’isolement, provoquer la rencontre, c’est l’autre raison d’être, essentielle, de La Soupe.
Près de 350 bénévoles animent La Soupe. Répartis en 7 équipes (une par soir), ils cuisinent, préparent, servent les repas et accueillent nos « invités » chaque soir. D’autres, dans la journée, se chargent des achats, de la collecte de denrées auprès de la Banque Alimentaire, des entreprises partenaires, des commerçants et boulangeries du quartier. Ces bénévoles, femmes, hommes, jeunes, employés, cadres, artisans, journalistes, retraités… ont des parcours aussi différents que singuliers.

La Soupe est une Association Loi 1901, qui ne vit que par la générosité de ses nombreux partenaires qui nous offrent des denrées et grâce aux donateurs qui permettent de financer les achats de marchandises et matériels.

Le bénitier
Dans la partie gauche du transept de l’église Saint-Eustache, le visiteur découvre un bénitier monumental, œuvre de Louis-Eugène Bion. Cette singulière et monumentale ouvre de plâtre mesure plus de deux mètres de haut, est classée Monument Historique depuis 1905.

Fortement influencé par le Moyen Âge, ce groupe représente en effet le pape saint Alexandre (qui gouverna l’Eglise romaine de 107 à 116 après Jésus-Christ) instituant, sous l’inspiration divine, à la porte des églises, l’usage de l’eau bénite qui met en fuite les péchés véniels.
Entouré de deux anges ailés, le souverain pontife, coiffé de sa tiare, est assis sur un trône surmonté de la croix. Sa main gauche est posée sur la Bible ; de la main droite (qui tenait autrefois un goupillon), il distribue l’eau bénite. A ses pieds, la coquille est soutenue par un socle formé de diverses figures démoniaques, animales (singe, serpent) ou humaines (femme nue aux cheveux dénoués), symbolisant dans un décor fouillé de feuilles d’acanthes le monde des réprouvés.

Statues d’Apôtres (XIXe siècle) dans le croisillon nord.

” Sainte Cécile, martyre ” (œuvre de 1858), Haut-relief en plâtre dans le croisillon nord.

Allégorie Patienta

« Ecce Homo » Voici l’Homme d’Antoine Étex (1808-1888) Chapelle des âmes du Purgatoire

Chapelle de la Crucifixion, vitrail du XIXe siècle.

Saint François d’Assise

Ex votos Saint François d’Assise

Au premier plan, en noir : le Christ sur la croix

Mausolée de Colbert
Ce monument est le mausolée du grand homme d’Etat Colbert, Ministre de l’Economie et des Finances de Louis XIV. La fonction est source d’importants revenus. Grand mécène des arts et des lettres, il est l’un des principaux bienfaiteurs de sa paroisse, en tant que marguillier (chargé des affaires économiques et de l’administration).

Le monument funéraire de Colbert 1619-1683 a l’importance qui sied à un grand  homme d’Etat Le Brun en dessina la composition, et les deux sculpteurs Antoine Coysevox (1640-1720) et Jean-Baptiste Tuby (1635-1700).l’ont réalisé en 1685. Cosyvox réalisa le priant et la figure de la Fidélité, le second l’Abondance et un ange présentant au défunt un livre de prières, détruit pendant la Révolution.

Le majestueux priant est revêtu du grand manteau de l’ordre du Saint-Esprit. La Fidélité se tourne vers lui avec une expression chargée de regrets alors que l’Abondance regarde vers le sol en signe de renoncement.

Reposent aussi dans cette église Scaramouche, Marivaux, Rameau, l’Amiral de Tourville.
La Fontaine, Mirabeau, et la mère de Mozart y eurent leurs obsèques. Richelieu, Molière et Madame de Pompadour y furent baptisés. Louis XIV y fit sa première communion, Lulli s’y maria en 1662.

Dans cette chapelle, le tableau de Pierre Paul Rubens, Les pèlerins d’Emmäus, 1611, huile sur toile. Sur le mur perpendiculaire.

Sources : 

sur site et : 

Christian Laloux

33 commentaires pour “Saint Eustache, une église au coeur des Halles”

  1. Que de beautés encore dans cette église Sainte Eustache si bien mises en valeur par tes clichés bien ciblés et tes exposés enrichissants … Le marché des Halles devait à son époque attirer bien des Parisiens et j’ai apprécié ce tableau “vivant” faisant revivre ce marché … Merci de toujours nous étonner par tes visites dans les moindres recoins de Paris sous ton oeil avisé pour notre plus grand plaisir . Bonne soirée Francine de chez nous sous le soleil printanier ! Nicole

  2. Bonsoir Francine
    Saint Eustache est une splendeur et fait partie intégrante de l’histoire de France et de la religion. Ta page est riche de renseignements.
    J’aime énormément !!!
    J’espère que tu vas bien
    Passe une très bonne soirée
    Bisous
    @lain

  3. Salut
    Le temps est mi-figue, mi-raisin. Il ne fait pas chaud mais comme on déjeune dans la cuisine on n’en fout.
    A la TV il n’y a que des rediffusions alors on cherche à faire autrechose comme remonter les pendules pour le changement d’heure.
    Cela fait passer un peu de temps .
    J’espère que vous êtes en bonne santé.
    BONNE SEMAINE
    Tiotte et Tiot.

  4. Bonjour Francine mais quel magnifique partage avec cette belle série de cette jolie église de toute beauté bon dimanche Claudine Daniel

  5. Bonjour Francine, ah ces beaux métiers, aujourd’hui disparus, comme c’était différent. Je ne connais pas les halles de Paris mais quand j’étais jeune, je me ravitallais aux halles au poisson du Havre qui aujourd’hui n’existent plus en tant que telles . Encore un billet très intéressant, fourni de nombreuses explications et sur cette belle église au cœur des halles…
    Bises et bon week-end, fanfan

  6. Salut
    Le temps s’améliore de jour en jour et c’est important pour la santé.
    Je ne fais pas de jardin cette année car j’ai la quibole gauche qui est en mauvais état.
    Sinon je navigue chez les toubibs pour surveiller que le cancer ne revient pas!
    Pour l’instant tout va bien et j’apprends à manger sans les dents et ce n’est pas évident.
    J’espère que tout va bien chez vous.
    BON WEEK-END
    Tiotte et Tiot

  7. Coucou Francine ! ” là où sont la charité et l’amour, Dieu est présent ” Très belle fresque peinte par Christian Laloux . C’est un bel hommage rendu à l’association à l’occasion du 40 ème anniversaire de la Soupe Saint-Eustache ! Bravo à ces bénévoles qui collectent , cuisinent, distribuent… une vraie dimension de partage ! Merci pour tes belles photos suivies par tes explications ! Bisous !

  8. Un vrai régal ! L’histoire de ce haut lieux parisien et tes clichés de l’église. Tu me donnes envie de revenir à Paris!!!!! Bonne fin de semaine!!! Bises

  9. Bonjour Francine
    J’aime beaucoup l’œuvre de Raymond Mason
    et cette église est vraiment très belle, tes photos sont magnifiques !
    Merci pour tes explications et ton partage
    Bisous, bon week-end

  10. Alors que dans l’église règne le faste, à l’extérieur règne aussi la pauvreté. Et donc je crois être plus émue en regardant cette représentation de la distribution de la soupe que devant les beautés de Rubens et la tombeau de Colbert. Notre humanité a besoin de beauté mais aussi de compassion. Bises alpines.

  11. Magnifique église que je découvre grâce à tes belles photos tout comme la soupe Saint Eustache dont je ne connaissais pas l’existence ! Je suis ravie de visiter notre capitale grâce à toi et je t’en remercie.
    Bon week-end Francine, bises !

  12. bonjour Francine tes photos sont vraiment superbes ,cette église est magnifique, , voila déjà le weekend sa passe vite nous voici fin Mars , je te souhaite un bon Vendredi ,bonne fin de semaine, bises d’amitiés

  13. Bonjour Francine
    Quelle beauté cette majestueuse église, j’aime l’originalité et la clarté qu’il y a, c’est joliment chargé et j’admire la beauté des vitraux.
    Toujours de ravissantes photos ma douce.
    Chaque journée porte en elle un enseignement, il faut savoir apprécier chaque instant pour vivre pleinement.
    Je te souhaite une délicieuse fin de semaine remplie de soleil et de bonheur.
    Gros bisous d’amitié de mon ti rocher ensoleillé.

  14. De véritables trésors dans cette église.
    D’abord cette oeuvre contemporaine sculptée.
    Ensuite cette très belle fresque, les deux très bien expliqués.
    Ce superbe bénitier, les apôtres et bien d’autres magnifiques découvertes.
    Je suis très surprise par ce monument funéraire de Colbert.
    Tu as comme toujours donné de superbes explications.
    Belle soirée ♥
    Gros bisous ♥
    Aimée

  15. En plus de l’église que je connais bien et que j’aime, tu le sais, je suis scotchée par toutes les recherches que tu as faites sur les halles car là je n’avais aucune notion. J’ai donc appris beaucoup. Et dans l’église elle-même, j’avais totalement oublié qu’il y avait la tombe de Colbert et je ne savais pas (ou plus) que tant d’hommes célèbres y reposaient. J’ai la mémoire qui flanche je crois. Merci Francine, on apprend avec toi et on apprécie aussi la qualité des photos.

  16. Bonsoir Francine quelle magnifique visite, cette église est vraiment très belle, merci, c’est toujours très agréable les visites en ta compagnie bisous bonne fin de journée MTH

  17. Je découvre cette église au coeur des halles…Elle est vraiment magnifique et tu nous présentes de forts jolis détails. J’ignorais que tous ces personnages célèbres y étaient présents, la statuaire est superbe et j’aime aussi beaucoup les vitraux et la sculpture moderne représentant le départ des légumes 🙂 Bisous et bonne fin de journée

  18. Salut,
    Je me demande s’il y a beaucoup de monde aux messes ?
    Le temps est au beau fixe alors j’ai nettoyer l’intérieur de la voiture.
    Il faut dure qu’est le grand nettoyage de printemps et la tiotte me fait bouger.
    J’espère que tout va bien chez vous.
    BON WEEK-END

  19. Bonjour Francine
    ce que tu nous partage c est extra c est vrai que certaines églises et autres il ne faut pas en parler mais je trouve ce que tu nous partage est splendides les Photographes de ces Personnages et bien sur certaines églises étaient chaleureux envers les gens pauvres et les Enfants venaient et le curé avait préparer des bonnes choses je demeurais à Sannois avec maman nous connaissions ce genre de Personnes j aime toutes tes Photographies super et quelques trucs pour savoir bravo bon Jeudi et aussi aux chats bisous DANIELLE

  20. Coucou Francine, elle est belle cette église surtout l’aménagement avec ses vitraux somptueux et ses statues. Ah quartier des halles le typique de Paris.
    Ça m’a toujours choquée la richesse dans ces monuments qui se disent aider les pauvres. Bizarre les assos n’ont pas implanté les migrants à st Eustache lol.
    Bisous câlins aux minous

    • les associations préfèrent installer les tentes de migrants place du Palais Royal en face du Conseil Constitutionnel, ou sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris !!

  21. En ces temps où la presse se plait à montrer les bassesses de certains représentant du christianisme, je me réjouis de cet article qui montre que l’ église savait aussi se montrer ouverte aux pauvres, et aussi aux maladies comme la lèpre autrefois !
    La nourriture est importante pour les hommes, comme aussi pour les animaux d’ ailleurs, et ces églises et cathédrales sont là pour la nourriture spirituelle !
    Mason et Laloux illustrent bien l’ ensemble, et toi, tu nous offres de superbes photos !
    Passe une bonne journée
    Bisous

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