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Bourse de Commerce Pinault Collection Giuseppe Penone

Souvent co-créatrice des œuvres de Penone, la nature est envisagée comme une force expressive capable de redéfinir les langages artistiques. Le corps même de l’artiste, à son tour élément naturel, a commencé fait partie de son processus créatif à partir de 1968 en tant qu’unité de mesure, frontière et enveloppe, ou producteur de signes et d’empreintes.

Ses Gestes végétaux [Gesti vegetali] – sculptures anthropomorphes faites de bronze et réalisées entre 1982 et 1986 – convoquent cette image d’une forêt animée. L’utilisation du bronze permet de rapprocher l’apparence des sculptures de celui d’un tronc d’arbre.

Les formes fluides entrelacées de branches de lierre, comme pour recréer des environnements boisés dans lesquels la connexion homme-nature devient totale.

Eloge de la lenteur
Dans la série des Gestes végétaux des années 1980, Penone donne une chair de bronze à des branches, à des feuilles, qui sont beaucoup plus qu’une simple allusion à Daphné en perpétuelle métamorphose.

C’est, en 1982, un Souffle de feuilles, que le sculpteur arrête dans ses variations en le fossilisant en bronze. L’art suspend le cours du temps, tout en soulignant son implacable force : ” J’ai souhaité que l’éphémère s’éternise “, confie Giuseppe Penone au critique Germano Celant, mais cette éternité, le sculpteur découvre sans doute, tout en l’inventant, qu’elle est un trop maigre pari sur l’avenir, et qu’il vaut mieux explorer les multiples richesses de l’écoulement du temps.

Patate
Mon œuvre Patate (1977), part aussi de cette idée J’ai placé dans le sol des moulages de mon visage à côté de pommes de terre en pleine croissance, puis je les ai recouvertes de terre. En déterrant l’installation, j’ai retrouvé les formes avec les pommes de terre qui avaient poussé à l’intérieur. Seules cinq ou six avaient pris une forme anthropomorphe identifiable. Ce qui était intéressant avec cette œuvre c’était de parvenir à créer une sculpture sans la voir ni la toucher, deux centimètres sous nos pieds, dans cet espace qui échappe à notre perception habituelle de l’espace.

Giuseppe Penone, Soffio n°3 (Souffle), 1978. Terre cuite.
Pinault Collection.

La série ” Souffles ” de Penone, met elle aussi en relief l’invisible à travers un matériau hautement symbolique: l’argile. L’œuvre donne corps au souffle de l’artiste projeté hors de lui et imprimé dans l’argile, elle-même transformée en terre cuite. Cette dernière évoque la céramique méditerranéenne, notamment les amphores servant à transporter l’huile et le vin dans l’Antiquité, ou les urnes funéraires abritant les restes d’un défunt.

Ces vases d’environ 1m60 de haut sont comme d’antiques jarres, pétries par la main du sculpteur et riches du vide même qui constitue leur espace intérieur. Sur la surface externe, Giuseppe Penone a imposé son propre corps, dont demeure ainsi la présence en creux, l’empreinte. “

Au haut de la sculpture, il y a l’intérieur de la bouche, pour indiquer qu’il y a émanation de souffle. ” Le sculpteur et sa sculpture échangent ainsi leur souffle, et l’impalpable, l’invisible, s’incarne dans une matière rugueuse, pesante, fragile.

Guiseppe Penone, Essere fiume (Être fleuve), 1981 – 2000. Pierre de rivière, pierre de carrière (marbre blanc de Carrare). Collection particulière. © Archives de Penone

Les pierres sont rassemblées côte à côte, pour faire monter un sentiment d’émerveillement chez le spectateur, face à deux éléments naturels parfaitement identiques.

L’eau des chutes, des torrents, des rivières comme des pierres creusent la terre et produisent le lit de la rivière comme des pieds répétant un parcours suivant une économie d’action et une logique de consommation produisent le chemin, la route.

Différents matériaux ont la forme d’un mouvement analogue. Les méandres des rivières sont le résultat de la masse et de la vitesse des eaux qui descendent la pente du territoire comme les virages ou les courbes de la route. Les méandres des rivières sont étroitement liés à la plénitude de la terre, les coudes du chemin vers le vide de l’air.

La respiration aussi, la respiration s’élargit en suivant un chemin, parfois sinueux, d’autres fois plus tendu en suivant les courants d’air. Remplir un espace avec les méandres du souffle, le volume du souffle produit par la vie d’un homme.

Un autre aspect qui m’a intéressé, c’est le souffle des feuilles et leur rapport au poids [ Soffio di foglie, 1979 ]. Les feuilles sont des éléments vivants dans l’air, elles prennent une forme qui dépend des mouvements du vent. J’ai donc formé un tas de feuilles dans lequel je me suis allongé pour respirer. En respirant, j’ai créé un vide ; en me relevant, il restait l’empreinte de mon corps et celle de ma respiration — quelque chose d’intangible, apparemment sans poids. Cette expérience révèle une forme présente, mais invisible, qui existe malgré son absence de poids perceptible.

Essere vento (To Be Wind) 2014
Arbre pétrifié, grain de sable naturel et grain de sable sculpté
123 × 60 cm Courtesy of Marian Goodman Gallery

Sur un tronc d’arbre pétrifié, l’empreinte de la main droite de Giuseppe Penone tient en son sein deux grains de sable parfaitement identiques. Mais cette similarité est contre-nature, puisque chaque grain a une forme unique : ainsi dupliqué, ce grain de sable semble matérialiser l’impact de l’être humain sur la nature.

Les œuvres de Giuseppe Penone se distinguent par l’emploi d’une vaste gamme de matériaux et par une attention particulière aux phénomènes naturels. L’arbre, l’artiste italien considère comme ” l’idée la plus simple et originaire de vitalité, de culture, de sculpture “, est l’un des éléments centraux de son travail. Dans Essere Vento, il s’intéresse à ” l’identité d’un grain de sable moulé par le vent ; l’identité de chaque souffle de vent imprimé dans le nombre incalculable de grains de sable ; nombre physiquement incalculable par un homme “. 

La sculpture Essere Vento a été présentée pour la première fois par la Collection Pinault lors de l’exposition ” Reliquaires ” à la chapelle de l’hôpital Laennec à Paris (2018).

Ses Alberi visent à réattribuer à des poutres la forme des arbres qu’elles furent en suivant les cernes du bois. Chez Penone, l’action artistique se situe au plus près du rythme du vivant.

Tre alberi 1968-1985
Technique mixte Dimensions variables

Deux frênes et un aulne sont implantés dans l’espace muséal, décontextualisés : c’est ainsi qu’apparaît au spectateur Tre Alberi, arbres à l’aspect brut dont Giuseppe Penone semble avoir conservé la structure primitive. Les apparences sont néanmoins trompeuses, puisque ces arbres sont le fruit d’un long travail de gravure sur poutres en bois, consistant à retrouver les anfractuosités vitales de l’écorce.

Albero di 7 metri 1980
Bois de pin, 2 éléments
350 x 30 x 30 cm (chaque)

Deux jeunes pins semblent pousser depuis une poutre. Vision saisissante d’une renaissance, Alberi di 7 metri répond à l’objectif de Giuseppe Penone de ramener l’arbre à une forme plus précoce, rendant visibles les processus naturels normalement cachés. Coupé en son milieu, l’arbre est segmenté en deux parties, chacune reposant sur une base formée par le reste de la poutre.

L’œuvre Alberi di 7 metri s’inscrit dans le travail que Giuseppe Penone mène depuis 1969 avec les arbres. « Les arbres sont une constante dans mon travail. Ils ne sont pas un sujet mais bien plus : ils sont la substance-même de mon travail. […] Je suis infiniment émerveillé lorsque je regarde un arbre », affirme-t-il. L’artiste se retire et laisse l’énergie de l’arbre s’exprimer. Le principe vital est ici au cœur du processus artistique.

L’œuvre Alberi di 7 metri a été montrée pour la première fois par la Collection Pinault en 2006 lors de l’exposition « Where Are We Going? » à Palazzo Grassi.

Giuseppe Penone
Né à Garessio en 1947. Après avoir grandi dans une région agricole, Giuseppe Penone étudie les beaux-arts à Turin. Son travail se distingue par le contact direct avec la nature : dès 1968 en intervenant sur les processus de croissance des arbres et sur les ruisseaux proches de sa ville natale, mais aussi, à partir de 1969, en sculptant des poutres et en suivant les cernes de croissance du bois pour ramener l’arbre à un âge antérieur.

Sources :

narthex

giuseppepenone.com

34 commentaires pour “Bourse de Commerce Pinault Collection Giuseppe Penone”

  1. Salut,
    Incroyable le soleil vient d’apparaître. On va pouvoir sortir voir le courrier à la boîte aux lettres.
    J’espère que tout va bien chez vous.
    BONNE FIN DE JOURNEE

  2. Bonjour Francine

    Encore de belles œuvres dans cet espace….

    Il y en a pour tous les goûts

    J’aime en particulier la présentation “Gesti vegetali”

    Merci pour ce joli partage

    Bonne journée

  3. bonjour Francine c’est original et écolo , ont dirais des gros pots pleins de tourbe , il fait moins 1 ce matin mais depuis quelques jours nous avons beaucoup de brouillard , je te souhaite une belle journée ,bises

  4. J’aime bien la première partie de l’exposition, un peu moins la fin…
    Merci pour toutes les informations jointes (sans lesquelles je ne comprendrais pas grand chose) qui jalonnent tes photos toujours aussi bien cadrées.
    Très bonne journée Francine.

  5. Re, ah oui encore des ouvres original , j’aime bien la première partie avec les compositions de végétaux je trouve ça très beau et décoratif ça serai bien dans ma maison ha ha, merci pour les explications et les photos .
    On va avoir un Louvre tout neuf made in Macron il aurai du faire ministre de la culture au lieu de président il à un coté jack lang non ???? ha ha …
    Ici il ne fait pas chaud en ce moment passe une belle soirée et une très bonne fin de semaine , bisous.
    https://banga.over-blog.com/

    • le Louvre en a bien besoin, victime du surtourisme, et puis c’est un vieux bâtiment; la question est : avec tout le fric rapporté par la vente des billets d’ entrée, pourquoi la directrice du Louvre n’a rien fait, où est passé l’argent ?!!!

  6. Bonsoir Francine, j’aime beaucoup ces vases sculptés, tes explications sont toujours intéressantes, merci Francine, on participe agréablement à tes visites de ces expositions avec tes photos.
    Bises, bon mercredi, fanfan

  7. Toujours aussi étonnante et originale cette expo ! Les artistes modernes savent nous faire sortir de notre zone de confort. Il y a des idées et de la créativité là derrière et c’est important de lire tes explications sinon on ne comprend pas où est la démarche artistique. Merci pour ce partage. Bisous et bonne fin de journée

  8. Je n’aime que “Les gestes végétaux” mais tes photos sont toujours excellentes.
    Bonne journée Francine, bises !

  9. Bonjour Francine
    Quelle originalité, j’aime énormément ces belles formes de troncs d’arbres entourées de verdures c’est ravissant, bon les patates un peu moins ih ih ih !!!! par contre ces grands vases sont vraiment sublimes, on aime ou pas moi je trouve que c’est bien de nous montrer ces œuvres qu’on a pas l’habitude de voir et tes photos sont belles avec des explications, merci à toi.
    Avec ce joli texte du net, je viens te souhaiter une délicieuse journée :
    “Je t’envoie plein de bonnes énergies pour que ta journée soit aussi merveilleuse que possible ! Que chaque instant soit une opportunité de bonheur, que les petits moments plaisants s’accumulent et que le sourire ne quitte pas ton visage. Puisse cette journée être un kaléidoscope de moments joyeux et de souvenirs positifs. Prends le temps de savourer chaque instant et de créer des souvenirs qui illumineront ta journée.
    Que cette journée soit à la hauteur de la personne extraordinaire que tu es !”.
    Je t’envoie du haut de mon ti rocher de gros bisous d’amitié.

  10. Bonsoir
    J’ai bien aimé la série des gestes végétaux, le reste me laisse indifférent .
    Bonne semaine bises

  11. Bonsoir Francine.
    Du original et du de moindre intérêt !
    Gelée matinale puis grand soleil; maintenant, à 17 h 45, je vais fermer la boutique !
    Gilbert et Bernadette

  12. J’aime bien cette composition végétale, ça me fait penser à ce que l’on voit dans les jardineries, des formes décalées des troncs couchés, on voit cela surtout sur les oliviers. Bises. FRANCOISE

  13. Bonjour Francine
    Des œuvres étonnantes, j’aime bien la sculpture en bronze
    par contre je n’accroche pas trop avec le reste
    Je t’ai lue attentivement …. une première fois et une seconde fois parce-que je n’avais pas tout compris à la première lecture, c’est bien signe que j’ n’y connais rien en Art mais je découvre volontiers grâce à toi !
    Tes photos sont comme toujours très belles
    Merci pour le partage
    Bises, bonne soirée

  14. Toute la première partie avec ces pots de terre et la végétation m’a ravie, j’aime beaucoup. Un peu moins la patate mais j’aime aussi beaucoup le tronc d’arbre dans lequel est inscrutée une main. Bonne soirée Francine, bisous

  15. Je crois bien que je n’y arriverai pas. Ce genre d’art m’est totalement illisible. Je crois que cet artiste a raison de donner une explication à chacune de ses oeuvres, sinon elles seraient incompréhensibles. Ceci étant, je me dis que si tant de gens sont sensibles à ce qu’il fait, c’est qu’il a du talent. Il en faut pour tous les goûts, s’pas. Bises et à ,plus. Florentin

  16. Coucou Francine, tu connais ma réponse…, et je ne trouve rien de bien seulement je plains l’arbre si vraiment il pousse dans ce petit pot, pauvre nature dénaturée, où sont les vers de terre pour une fois ? J’ai pensé à toi je suis tombée sur un article de cet énergumène plein aux as et je me demande combien les exposants paient pour la place de leurs oeuvres…
    https://linsoumission.fr/2025/01/30/bernard-arnault-larmes-indecence/
    Merci pour ton partage malgré tout tu sais les goûts et les couleurs ne font pas bon ménage parfois et je suis délicate quant à l’Art !
    Le soleil est de retour j’ai soufflé pour que les nuages partent et bien ça a fonctionné et gratos en plus lol !
    Bisous et plein de câlins aux minous

    • Bonsoir Francine
      j ai aimer le tous tes explications sous chaque Photographie Magnifique je te dirais tu ais un bon Photographe chapeau je ne connais pas ce coin tu vois mais PARIS c est extra et grâce à toi j arrive Ha mirer ceci je te fais des bisous de ce Lundi soir et tes deux minions chats des bisous a vous trois DANNN

  17. Salut,
    C’est vraiment original mais j’aime bien
    Aujourd’hui il fait beau mais comme c’est l’hiver il fait froid alors je me couvre pour aller vider la poubelle.
    La Tiotte, quand à elle, fait le nettoyage de la salle de bains à fond et je l’entends houspiller après le Tiot qui fait des conneries !
    Sinon tout va bien au monde des “vieux ch’ti”.
    BONNE JOURNEE et surtout BONNE SEMAINE

  18. BonjourFrancine
    J’ai un coup de cœur pour la sculpture prise dans la verdure, la jarre est impressionante. Le reste ne laisse pas indifferent, on aime ou on aime pas. Très belle semaine. Bisous. Flo

  19. Coucou Francine,
    Encore de très belles œuvres dans cet espace.
    J’aime beaucoup la présentation Gesti vegetali. Le végétal donne une ambiance de liberté.
    Par contre, les pommes de terres qui germent, je vais pouvoir faire la même chose avec celles de mon île que j’ai laissées dans le garage…
    Bises et bon début de semaine – Zaza

  20. il y a 4,5 milliards d’ années, apparaissaient les cyanobactéries, et l’ évolution nous a donné l’ humain !
    Je me demande si nous ne repartons pas vers l’ Orang- outan !
    Du bronze pour représenter du bois pourquoi pas, mais c’ est moins beau que le bois fossilisé ou silicifié, qui donne de superbes couleurs !
    Ne me dis pas qu’il faut payer, comme le ticket supplémentaire pour la Joconde
    Mais j’ avoue que quelque part, ça me fait sourire !
    Passe une bonne journée
    Bisous

  21. Bonjour, j’aime bien les bronzes à la verdure, et je souris aux patates… une grande histoire d’amour avec le belge qui a la frite 😉 Merci, bises jill

  22. Bonjour Francine heureusement que tu m’expliques car franchement je ne vois rien d’admirable au premier regard. Merci. Bisous bonne journée MTH

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